The Valley - Remy Marlot

Pour son exposition personnelle au musée de l'Abbaye, le photographe et vidéaste Rémy Marlot présente trois séries photographiques et une vidéo, autour des thèmes du paysage et de la vallée, en résonance avec le lieu. L'exposition intitulée The Valley, du nom de la série inédite que Rémy Marlot a choisi de développer pour le musée se déroule en trois volets autour de thèmes chers à l'artiste. Au delà de l'architecture, du paysage, de l'ornement architectural ou végétal qui apparaissent comme des motifs récurrents dans le travail de Rémy Marlot et qui se déclinent au gré des séries photographiques, il s'agit avant tout d'un travail sur la lumière. Captant la magie de la lumière à l'instant où elle rend le réel surnaturel dans les séries Saint-Claude et The Valley, utilisant le contre-jour, qui vient découper les éléments architecturaux de la cathédrale de Cologne dans la série des Black Churches, Rémy Marlot porte au regard du spectateur une vision radicale de son sujet. La montagne de Saint-Claude prend un aspect irréel, tandis que les imposants monochromes des Black Churches transfigurent les façades de la cathédrale de Cologne en un objet pictural abstrait, aussi inquiétant que fascinant. L'exposition débute par la série Black Churches, dont quatre tirages de format 160 x 120 cm, représentant la cathédrale octocentenaire de Cologne sous un jour inattendu, répondent à l'histoire-même du musée et son passé religieux. Le regard se raccroche ici et là à une pierre taillée, verdie par les mousses, la brisure de la ligne d'une corniche, ou une gargouille, animal fabuleux, gardien du Temps surgi de cette masse de pierre, de couleur et de lumière. La série The Valley répond à la situation géographique particulière de la ville et du musée, au fond de la vallée du Val de Bienne, enclavés dans les montagnes. Confrontant et confondant les notions de Nature et de Culture, les photographies de la série offrent l'image crépusculaire d'un monde en ruine, suspendu dans le temps comme si la vie avait quitté les lieux, renforcés par les ciels blancs et vides des images. The Valley, dans sa beauté crépusculaire, exprime, non seulement l'idée de la fin d'un monde, mais encore celle d'un après, dans cette étrange sensation d'apaisement. L'exposition se poursuit par la série Saint-Claude, réalisée lors de la résidence de l'artiste en 2009. Elle déplie un panorama du paysage montagneux qui cerne la ville. Les couleurs éthérées des images, les brumes qui s'élèvent de la montagne et la lumière crue de l'hiver transforment le paysage en un monde aérien, léger, impalpable, d'une beauté irréelle qui invite à la rêverie et au ravissement contemplatif, autant qu'à la méditation face à la spiritualité du lieu. Parallèlement aux séries photographiques, la vidéo Water, réalisée en 2009, est présentée en exclusivité au musée. Elle reprend l'ambiance fantasmagorique et inquiétante des vidéos que Rémy Marlot réalise depuis 2002, sous une forme fictionnelle poétique. Cette oeuvre évoque, dans une approche contemporaine, les mythes des divinités et des esprits des Eaux. S'ouvrant sur le long planséquence ralenti d'une chute d'eau qui devient peu à peu hypnotique, Water met en scène une femme nue se baignant dans le cosmos avant de s'y dissoudre.

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